
Avant tout, il me semble important de préciser la notion d’estime de soi, et sa différence avec la confiance en soi. En effet, l’estime de soi et la confiance en soi sont souvent confondues, mais elles représentent deux concepts distincts, bien qu’étroitement liés.
L'estime de soi est une appréciation globale de soi-même, une valeur que l'on se donne en tant qu'être humain. C'est le sentiment d'être digne d'amour et de respect. L'estime de soi repose sur une vision positive de soi, sur la reconnaissance de ses qualités et de ses défauts, et sur l'acceptation de qui l'on est.
La confiance en soi, quant à elle, est plus spécifique. Elle se rapporte à la croyance en ses capacités à accomplir certaines tâches ou à atteindre certains objectifs. C'est la certitude d'être capable de faire face à différentes situations et de surmonter les obstacles.
Pour résumer, on peut ainsi dire que l'estime de soi est un sentiment profond et global lié à notre identité, alors que la confiance en soi est plus spécifique et liée à nos compétences et à nos actions.
Parmi les nombreux éléments qui influencent positivement l'estime de soi, la conscience de soi se distingue comme l'un des plus importants.
Qu'est-ce que la conscience de soi ?
La conscience de soi se définit comme la capacité à prêter attention à ses propres pensées, émotions, comportements et motivations. C'est un processus d'introspection qui nous pousse à nous observer sans jugement, afin de mieux saisir qui nous sommes, pourquoi nous agissons de telle façon et comment nous réagissons dans diverses situations. Cela va bien au-delà de la simple reconnaissance de nos émotions : cela implique une réflexion approfondie sur nos valeurs, nos croyances, nos forces et nos faiblesses. Cette conscience nous permet d’avoir une vision plus claire et réaliste de nous-mêmes, loin de toute illusion ou croyance limitante qui pourrait nuire à notre estime.
Pourquoi la conscience de soi est-elle essentielle pour l'estime de soi ?
ð Elle nous permet de mieux comprendre nos forces et nos limites
Lorsque nous cultivons la conscience de soi, nous commençons à reconnaître (enfin !) nos talents et nos compétences. Cette prise de conscience, souvent facilitée par un tiers dans le cadre d’un travail thérapeutique ou de coaching, renforce notre confiance en nous. En parallèle, elle nous aide aussi à identifier nos faiblesses. Accepter nos imperfections avec bienveillance, sans se juger trop sévèrement, est crucial pour bâtir une estime de soi saine. La conscience de soi nous permet ainsi d'accueillir aussi bien nos succès que nos limites de manière équilibrée.
Dans ce travail d’acceptation de nos limites, je propose souvent à mes patients l’éclairage de la vision Jungienne sur la notion d’ombre, de lumière et de masque social. Ces notions permettent de mettre à jour la dualité fondamentale de l’être humain. J’aurai l’occasion dans un prochain article de détailler ce concept, très utile dans le chemin vers une meilleure conscience et acceptation de soi.
ð Elle nous invite à réduire nos jugements internes négatifs et améliorer l’auto-acceptation
Trop souvent, nous sommes notre plus sévère critique. Nous avons tendance à nous blâmer pour nos erreurs ou nos défauts. Cette dynamique négative est souvent nourrie par des pensées automatiques et des croyances limitantes, qui proviennent très souvent de critiques parentales reçues dans l’enfance et « internalisées ». Le travail thérapeutique avec notamment l’aide des outils de TCC (Thérapies Comportementales et Cognitives) nous aident à repérer ces pensées « nuisibles » et à les remettre en question. En devenant conscient de nos schémas mentaux négatifs, nous pouvons commencer à les remplacer par des réflexions plus positives et bienveillantes. En apprenant à mieux nous connaître, nous pouvons appréhender nos défauts avec une plus grande compassion (cela rejoint la notion d’acceptation notre « ombre » Jungienne), et ainsi peu à peu nous détourner de la quête d'une perfection illusoire.
La conscience de soi favorise cette acceptation en nous permettant de prendre du recul et de réaliser que nous sommes des êtres complexes et évolutifs.
Pour travailler ce point, j’incite souvent à mes patients qui le désirent à lire 2 ouvrages éclairants :
- Tout d’abord les travaux de la psychiatre américaine Kristin Neff sur sa notion « d’auto-compassion » explicitée dans son livre « S’aimer- Comment se réconcilier avec soi-même » - éditions Belfond.
- Ensuite, le livre très pédagogique sur la notion centrale dans la théorie de la psyché humaine de Carl Gustav Jung : « Apprivoiser son ombre - le côté mal aimé de soi » de Jean Monbourquette, éditions Points - Vivre.
ð La conscience de soi favorise une meilleure gestion de nos émotions
La conscience de soi nous aide aussi à mieux gérer nos émotions. En comprenant les raisons qui nous poussent à ressentir certaines émotions dans des situations spécifiques (pensée / émotion / comportement automatique), nous pouvons mieux contrôler nos réactions. Cette capacité à réguler nos émotions de manière réfléchie, plutôt qu'impulsive, accroît notre confiance et notre respect envers nous-mêmes.
Dans un prochain article, je détaillerai les outils notamment de TCC qui s’avèrent être d’une aide précieuse dans la gestion de nos émotions.
ð Elle favorise des relations plus authentiques
La conscience de soi ne profite pas seulement à notre relation avec nous-mêmes, mais également à celle avec les autres. En étant plus conscients de nos besoins, attentes et valeurs, nous avons la possibilité d'établir des relations plus authentiques et respectueuses. Cette authenticité attire des connections plus saines, où nous sommes acceptés tels que nous sommes, sans pression à répondre à des attentes extérieures. Ces relations positives ont un impact direct sur notre estime de soi.
ð Elle permet de prendre des décisions plus en phase avec nos valeurs
Quand nous développons une meilleure conscience de nous-mêmes, nous pouvons faire des choix qui reflètent nos vraies valeurs et aspirations. Nous ne sommes plus simplement soumis aux attentes des autres ou aux pressions sociales. Au contraire, nous agissons en fonction de ce qui nous tient vraiment à cœur. Cette manière de décider, qui est à la fois autonome et authentique, renforce notre sentiment de contrôle et booste notre estime de soi.
ð Et enfin, elle nous aide à s’affranchir peu à peu du regard aliénant des autres
La connaissance de soi avec l’acceptation de toutes les parties de notre être, (notre « ombre » comme notre « lumière »), nous permet de devenir conscients nos singularités. Nous appréhendons ainsi notre identité et c’est cette clarté nouvelle qui nous permet de distinguer ce qui est vraiment important pour nous, de ce qui est imposé par les normes sociales ou les attentes des autres.
Elle nous aide à cesser les comparaisons automatiques et inutiles avec les autres, car nous comprenons que chacun suit son propre chemin et que notre valeur n'est pas définie par les autres.
Elle constitue un « ancrage intérieur » qui nous libère de la quête incessante d'approbation. En comprenant et en acceptant qui nous sommes, nous développons ainsi une estime de soi solide et indépendante, rendant le regard des autres moins déterminant dans notre vie.
Conclusion
En conclusion, travailler sur l'estime de soi, une demande récurrente de ma patientèle, s'avère être un exercice complexe. Une faible estime de soi est souvent multifactorielle, prenant naissance dans l'enfance et se renforçant au fil d'événements douloureux qui ancrent progressivement nos croyances limitantes.
Au-delà d'un travail exploratoire sur les sources du manque d'estime de soi, il est fondamental dans une thérapie d'aider le patient à prendre conscience de lui-même. Le thérapeute, dans sa posture neutre et bienveillante, joue alors le rôle d'un révélateur, permettant au patient de mieux se comprendre et de reconstruire enfin une plus « juste » image de soi.
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